Archives 2015

La Liberté (Khalil Gibran)

liberté : Mains attachées avec des chaînes sur fond de ciel bleuVous serez vraiment libres non pas lorsque vos jours seront sans soucis et vos nuits sans désir ni peine, mais plutôt lorsque votre vie sera enrobée de toutes ces choses et que vous vous élèverez au-dessus d'elles, nus et sans entraves.
Et comment vous élèverez-vous au-dessus de vos jours et de vos nuits sinon en brisant les chaînes qu'à l'aube de votre intelligence vous avez nouées autour de votre heure de midi ?
 
En vérité, ce que vous appelez liberté est la plus solide de ces chaînes, même si ses maillons brillent au soleil et vous aveuglent.
Et qu'est-ce sinon des fragments de votre propre moi que vous voudriez écarter pour devenir libres?
 
Si c'est une loi injuste que vous voulez abolir, cette loi a été écrite de votre propre main sur votre propre front.
Vous ne pourrez pas l'effacer en brûlant vos livres de lois ni en lavant les fronts de vos juges, quand bien même vous y déverseriez la mer.
Et si c'est un despote que vous voulez détrôner, veillez d'abord à ce que son trône érigé en vous soit détruit.
Car comment le tyran pourrait-il dominer l'homme libre et fier si dans sa liberté ne se trouvait une tyrannie et dans sa fierté, un déshonneur?
 
Et si c'est une inquiétude dont vous voulez vous délivrer, cette inquiétude a été choisie par vous plutôt qu'imposée à vous.
Et si c'est une crainte que vous voulez dissiper, le siège de cette crainte est dans votre coeur, et non pas dans la main que vous craignez.
 
En vérité, toutes ces choses se meuvent en votre être dans une perpétuelle et demi-étreinte, ce que vous craignez et ce que vous désirez, ce qui vous répugne et ce que vous aimez, ce que vous recherchez et ce que vous voudriez fuir.
 
Ces choses se meuvent en vous comme des lumières et des ombres attachées deux à deux.
Et quand une ombre faiblit et disparaît, la lumière qui subsiste devient l'ombre d'une autre lumière.
Ainsi en est-il de votre liberté qui, quand elle perd ses chaînes, devient elle-même les chaînes d'une liberté plus grande encore.

La Mauvaise foi comment y faire face?

Qui, un jour, n'a pas eu à la subir ? 
 Voici quelques clés pour la comprendre et mieux s'y opposer.
 
Qu'est-ce ?
 
C'est une façon de nier l'autre, car cet autre révèle une partie de soi qu'on ne veut pas voir.
 
Cela pose d'abord la question de savoir qu'est-ce que la foi, puisqu'il y aurait une "mauvaise foi" à opposer à une "bonne foi". La foi c'est une croyance, un signe de fidélité. La mauvaise foi, est un déni de la réalité et de la vérité, ce peut être un mensonge. Lorsque la psychanalyse s'interroge sur la mauvaise foi, elle interroge les diverses instances psychiques. On constate souvent que, dans le cas de la mauvaise foi, les intentions du "Ca" (notre réservoir de pulsions) sont en opposition avec les impératifs du "Surmoi" (l'ensemble des interdits moraux). Ce qui fait que le "Moi" est trompeur et trompé. D'ailleurs, on peut être de mauvaise foi en toute bonne foi et réciproquement. La mauvaise foi navigue entre simple déni et mensonge conscient, dissimulation, jusqu'au déni de la vérité, de ce que l'on pense ou de ses intentions, pour ne pas intégrer une image de soi trop dévalorisante. Dans l'enfance, il y a des défenses qui se mettent en place pour "soigner" certaines blessures narcissiques, par exemple, quand l'enfant a le sentiment d'avoir déçu. Il va recourir au mensonge parce qu'il croit que pour être aimé, il faut être parfait.
La mauvaise foi sert-elle à se défendre ou à dominer l'autre ?

Les deux cas de figure existent. Dans le domaine professionnel, par exemple, la mauvaise foi peut aller jusqu'à la fabrication de fausses preuves pour faire licencier quelqu'un, idem dans certains cas de divorce où elle va jusqu'à la calomnie. Dans une simple discussion, il y a celui qui se contente de réfuter les argu
ments de son interlocuteur sans rien démontrer; sa mauvaise foi est de nature défensive; et puis il y a celui qui a recours à une mauvaise foi offensive pour dominer l'autre, voire même pour l'humilier publiquement. Chez celui qui utilise la mauvaise foi, Il n'y a pas forcément le désir de nuire, mais en tout cas, il est toujours ressenti comme tel par celui qui en est la victime.
 Justement, la mauvaise foi est fréquente, banale. Pourquoi provoque-t elle systématiquement des réactions très fortes de violence et de souffrance ?
  C'est parce que la mauvaise foi a une pouvoir de nuisance, de destruction énorme. Elle atteint la personne dans l'intégrité de son être, elle déstabilise en profondeur. Lorsque la parole de l'autre nous renvoie un "tu ne vaux rien, tu n'existes pas", cela déclenche en nous un questionnement de culpabilité du type "qu'ai-je fait pour ça ?". Alors que la question saine serait "mais de quel droit cette personne ose me parler comme ça ?". La mauvaise fol est un moyen de nier l'autre, car cet autre révèle une partie de soi qu'on ne veut pas voir. La personne de mauvaise foi est tellement seule, tellement coupée d'elle-même qu'elle ne peut pas imaginer la souffrance de celui qui est en face d'elle.
 
 Il est donc vain de discuter avec une personne de mauvaise foi ?
 
Absolument. La mauvaise foi est la négation même de la communication. S'acharner à apprendre de la bouche de l'autre la seule chose qu'il ne peut pas nous dire est une perte de temps et d'énergie. Plus on s'enrage dans la quête du vrai et moins la vérité est l'enjeu de la discussion. Quand on interroge l'autre et qu'on s'interroge sur l'autre, on évite de se questionner. On demande à son interlocuteur une reconnaissance d'enfant : "Dis-moi que…" Cet acharnement est d'ailleurs une mauvaise foi en toute bonne foi, c'est une lutte désespérée pour rester vivant, mais une lutte vaine puisque l'autre ne peut pas donner ce qu'on lui demande.
 Dans ce cas, pourquoi s'acharne-t-on ?
 C'est la question que doivent se poser les victimes de la mauvaise foi. Pourquoi cet entêtement pour obtenir les aveux de l'autre ? Tout se passe comme si ce que pensait l'autre était plus important que ce que l'on pense soi-même et que tant que la vérité n'est pas sortie de sa bouche, elle est incomplète. Si l'on acceptait ses propres questions, on supporterait mieux les certitudes malhonnêtes de l'autre. Il faut parvenir à se convaincre que si finalement l'autre ment, c'est son problème, et accepter de ne pas savoir Pourquoi. Il y a un deuil difficile à faire, celui de la vérité, mais l'accession au stade d'adulte se fait à ce prix-là.
En société, l'humour teinté d'ironie peut parfois ouvrir une brèche
En société, le partisan de la mauvaise foi jure ses grands dieux de… sa bonne foi, et peut faire mentir chiffres, faits et témoins. Derrière cette assurance spectaculaire se cache un gros complexe d'infériorité qu'il camoufle avec un discours bâti sur une logique apparente. Arrogance, mensonges éhontés, préjugés tenaces, il recourt à tout ce qui peut fortifier sa position, et si c'est insuffisant, il joue à la victime avec une conviction telle qu'il n'a pas de mal à rallier les sceptiques.
 La meilleure façon de riposter
 Se préserver en résistant à la tentation de la polémique et en gardant de la distance avec "l'agresseur". Inutile de recherche à prouver son honnêteté, les tenants de la mauvaise foi sont invincibles sur leur terrain puisque pour eux la fins justifie les moyens. Mais l'humour teinté d'ironie par petites touches peuvent ouvrir une brèche.
Au travail, il faut parler de la situation à une personne de confiance
Par un travail de sape qui peut venir aussi bien de la hiérarchie que des coéquipiers. Les phrases à double tranchant fusent (on pourra toujours reprocher à la victime sa paranoïa). Trois minutes de retard donnent lieu à un réquisitoire sur notre motivation défaillante, et tout est prétexte à une remise en cause de la compétence professionnelle. La victime perd peu à peu confiance en elle au point d'accumuler des erreurs grossières; ce qui va la persuader que les critiques à son égard sont justifiées. 
La meilleure façon de riposter
Lorsque le climat se détériore, il ne faut pas se persuader qu'on se fait des idées, mais en parler à une personne de confiance extérieure ou non à son milieu professionnel. Pour avoir une idée plus claire de la situation et décharger son "trop-plein". Si les manoeuvres deviennent plus offensives, il faut avoir recours à ce dont on dispose légalement pour se défendre et s'occuper des ravages psychologiques (sentiment de défaillance ou de honte). A reconquérir l'estime de soi dans des domaines et activités que l'on maîtrise.
Dans le couple, il est inutile d'attendre un aveu qui ne viendra pas
Le plus souvent, par un recours au déni en toutes situations, des plus banales aux plus sérieuses. Le conjoint de mauvaise foi récuse, en bloc et par principe, tout ce qui vient de son partenaire. Pour humilier l'autre et lui faire perdre confiance en lui, parce que le "bourreau" lui-même manque d'assurance. Ou encore pour camoufler à ses propres yeux un comportement aliénant et ne pas perdre le peu d'estime de soi qui reste, en niant massivement les accusations de son partenaire. 
La meilleure façon de riposter
La règle d'or : ne jamais s'acharner à apporter la preuve de sa bonne foi. Inutile de s'entêter à démontrer, ou de s'épuiser dans l'attente d'un aveu qui ne viendra pas. La résolution la plus productive et la plus mature : essayer de comprendre pourquoi l'idée de la séparation est plus difficile à supporter que la douleur d'une relation malsaine et destructive. Il y a tout un travail à mener sur l'autonomisation affective qui est difficile à entreprendre en profondeur sans l'aide d'un professionnel.
En famille, ne s'enfermer dans un tête-à-tête destructeur
Par le "double langage" des parents, prisonniers de préjugés, de tabous éducatifs, qui donnent à l'enfant une information et son contraire sans en être vraiment conscients. Ils peuvent lui cacher un secret de famille tout en lui interdisant de mentir. Mais les humeurs de l'adulte, ses préjugés et ses ignorances ont force de loi et se résument à un "c'est comme ça !" tombant comme un couperet. Ce qui peut amener l'enfant à douter du bien-fondé de ses croyances et de sa valeur. 
La meilleure façon de riposter
L'enfant est rarement conscient de cette manipulation. Seuls, à l'adolescence, des passages à l'acte désespérés (fugues, tentatives de suicide, alcool drogue) témoignent de cette violence éducative qu'est la mauvaise foi. Lorsque l'enfant comprend qu'il est nié dans ce qu'il dit ou fait, il doit pouvoir s'en ouvrir à un adulte de confiance pour sortir du tête-à-tête destructeur dans lequel on l'enferme

Le Chemin Du Milieu (Auteur inconnu)

A travers cette histoire, "Le chemin du milieu", l'auteur évoque une voie possible qui mène vers un équilibre entre plaisirs et déplaisirs.
Au commencement de leur histoire, les nouveaux venus devaient se construire une embarcation pour descendre le fleuve de la vie. Certains bricolèrent un radeau, d’autres se dirent qu’il valait mieux pouvoir mener sa barque. D’autres prirent place dans une galère. Mais tous descendaient le fleuve de la vie. Il y avait, bien sûr ceux qui ramaient à contre courant, ceux qui sombraient tout de suite, mais la plupart naviguaient bon gré, mal gré, chahutés d’une berge à l’autre.
A bâbord, se trouvait la berge du plaisir, de tous les plaisirs. A tribord, était la berge du déplaisir. Et bien que tous, emmenés par le courant cherchaient à accoster sur la berge du plaisir, ils se retrouvaient très souvent rejetés violemment sur la berge du déplaisir dès qu’il y avait un soucis avec leurs plaisirs. La navigation s’en trouvait très tourmentée. Ainsi, la vie des rameurs l’était tout autant.
Puis, vint un jour, un homme du nom de Siddharta qui, réalisant les difficultés de l’existence, s’engagea à trouver une solution. Il tenta d’abord d’accoster sur la berge du déplaisir pour apprendre à endurer les difficultés. Mais le temps passa et il compris que là n’était pas la solution.
Concluant que ni l’une ni l’autre des deux berges n’offrait de refuge durable, il essaya alors un nouveau chemin : celui du milieu. Il s’habitua donc à maintenir un cap, au milieu du fleuve, renonçant à vouloir se tenir à la berge du plaisir ou à s’infliger le difficile séjour le long de la berge du déplaisir. Il continua donc sa descente en acceptant les expériences agréables qui se présentaient et disparaissaient, et en acceptant également les expériences désagréables qui se présentaient et disparaissaient. Il ne chercha plus à s’accrocher à l’une ou l’autre berge.
Bien sûr, au début, il n’allait pas bien droit et se fourvoyait encore ici et là. Mais son avidité et son aversion diminuant, il avançait de plus en plus librement avec le fleuve. Il découvrit qu’une sérénité grandissante l’accompagnait. A mesure que le fleuve s’élargissait, son cap au milieu du fleuve s’affirmait et sa paix augmentait.
Cette paix devint totale lorsqu’il rejoint l’océan. De là, il passa le reste de son temps à expliquer le chemin à ceux qui s’égaraient le long du fleuve. A la fin de son temps, n’ayant plus besoin d’embarcation, il quitta la sienne et s’évanouit dans la plénitude de l’océan. Ceux qui ne parvenaient pas à l’océan et sombraient en cours de route, devaient se fabriquer une nouvelle embarcation pour continuer le chemin, attirés par la force de la vérité mais ralentis par leurs illusions.
Ceux qui suivaient le chemin du milieu perdaient leurs illusions mais trouvaient la paix.