Psychologie

Qu'est-ce-que le déni?

Déni de grossesse, déni de justice le déni fait partie de notre quotidien mais qu’est-ce que le déni au juste ?

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Le déni n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Le déni est un dispositif de protection de l’Homme. Si la plupart des gens pensent que le déni est une mauvaise chose, il est important de leur faire changer d’avis.

·        Quelles sont les causes du déni?

·        Le déni et les émotions négatives

·        Les différents types de déni

Quelles sont les causes du déni?

Le déni est causé par le maintien d’une sorte de traumatisme, que ce soit dans l’enfance ou à l’âge adulte. Nous développons des mécanismes d’adaptation autour de ce traumatisme pour nous protéger avant que nous soyons en mesure de, mentalement et émotionnellement, les gérer.

Le déni et les émotions négatives

De manière générale, les êtres humains sont mal à l’aise avec les émotions négatives. Nous sommes effrayés par ces sentiments peu agréables alors que ce sont ceux qui nous apprennent le plus.
Il est important de prendre le temps de les « écouter », de les comprendre et de se demander pourquoi nous les ressentons. Une fois le processus terminé, vous pourrez les accepter et, en quelque sorte, libérer ce besoin.
Le sentiment négatif pourra ainsi s’en aller. Les sentiments, bons ou mauvais, sont comme des nuages dans le ciel, ils flottent. 0 nous de ne pas nous tromper, nous ne sommes pas les nuages, nous sommes le ciel.

Les différents types de déni

Un exemple courant de déni est le nombreuse de personnes qui reste dans une relation qui ne les comble pas vraiment. Ils sont dans le déni que cette relation est dysfonctionnelle.
Peut-être qu’il n’y a pas de communication ou qu’il n’y a pas assez d’affection. Quelle que soit la cause, essayer d’obtenir satisfaction dans une situation vouée à l’échec, est une sorte de déni.

Parfois, c’est la toxicomanie ou l’alcoolisme. Parfois, il y a une addiction au travail. Parfois, un traumatisme de l’enfance affecte votre vie quotidienne. Il a pu y avoir des abus physiques, mentaux ou émotionnels dans votre enfance qui vous affectent encore. Le déni qui les entoure tentent de vous protéger tant que vous n’êtes pas complètement prêt à y faire face.

Avec de l’aide, vous serez prêt physiquement, mentalement et émotionnellement pour être en mesure d’examiner ces différents types de traumatismes et être en mesure de les traiter et les guérir.

 

La victimisation personnelle : une maladie du 21ème siècle ? (Jean-Baptiste)

La victimisation, comprise ici commeune tendance à l’apitoiement sur son sort, est l’un des blocages psychologiques les plus importants que nous puissions affronter en tant qu’individus.

Quand un obstacle survient, entraînant remise en question et prise de conscience de nos limites matérielle à un moment T, nous tendons en effet très souvent à adopter un point de vue négatif, reposant sur un certain degré de fatalisme et de pessimisme.

L’échec impacte toujours notre état d’esprit, nous ne pouvons le nier.

Mais alors même que certaines personnes le conçoivent comme une source de motivation, un moyen de mettre en lumière nos faiblesses et par conséquent la route à suivre pour atteindre ses objectifs, d’autres sombrent dans le déni et finissent par se fermer à leur environnement.

Cette réaction est commune.

La victimisation personnelle est en quelque sorte un refus d’assumer les conséquences de nos choix, de nos actes.

Elle résulte d’une frustration, d’une blessure de l’ego somme toute compréhensible, mais largement néfaste au moment où nous devrions lâcher prise et apprendre à relativiser l’importance des situations rencontrées.

Pire, il semblerait que la victimisation soit addictive, qu’elle nous permette de trouver des excuses justifiant nos carences et nos manquements, fussent-ils involontaires.

L’article du jour a une finalité très simple : en finir avec cette attitude qui voudrait que nous nous érigions en entités incapables de reprendre le contrôle de notre vie, ayant la sensation que le monde entier est contre nous, et que dans ces conditions, évoluer relève du miracle.

Quoi que l’on puisse penser, ces croyances sont erronées, limitatives.

Nous avons tous l’aptitude à ouvrir les yeux, à stimuler notre motivation, et ce même si le fait de sortir de notre zone de confort comporte des risques.

Nous tomberons, nous échouerons, nous ferons parfois face à de terribles désillusions… mais cela fait partie du process de l’apprentissage, des obstacles à surmonter pour atteindre l’apaisement psychologique et jouir d’une véritable satisfaction personnelle, provoquée par la fierté de ne pas baisser les armes quand l’adversité redouble d’intensité.

Comme on peut l’entendre un peu partout, perdre une bataille ne revient pas à perdre la guerre.

La victimisation est par conséquent un principe destructeur, annihilant toute volonté personnelle d’aller de l’avant et d’accepter que oui, comme tout un chacun, les aléas de notre environnement peuvent jouer en notre défaveur.

Il suffit de s’interroger sur son existence, sur les challenges du passé pour s’en rendre compte.

N’avons-nous jamais rien raté ?

Sommes-nous des moins que rien pour autant ?

Cela doit-il nous amener à nous enfermer dans un carcan isolant, fait de rancœur, de méfiance et d’aigreur ?

Est-ce de cette manière que nous vivrons plus heureux ?

Non, certainement pas.

L’objectif du jour est donc très simple : il est temps d’arrêter de nous ériger en tant que victimes et de prendre notre destin en main, car personne ne le fera pour nous !

1. La victimisation : une vérité toujours difficile à entendre

Confrontés à un environnement façonné par nos interactions sociales, nous avons tous cette image du « chevalier solitaire » luttant envers et contre tousà un moment où l’autre de notre existence.

Doués de conscience, nous restons en contact permanent avec nos émotions, nos sentiments, au point parfois de les laisser prendre le pas sur l’objectivité et notre besoin d’agir pour faire évoluer les situations qui nous sont le moins profitables.

Regard d’autruipeur du risque et du changement sont alors des freins à notre capacité à assumer qui nous sommes vraiment et nous poussent dans bien des cas à baisser les bras, par peur de ne pas être à la hauteur.

La société dans laquelle nous vivons instaure la compétitivité et l’efficacité au rang de nécessités, faisant apparaître le moindre faux pas comme bien plus important qu’il ne l’est dans les faits.

C’est précisément à ce moment que la victimisation prend le pas sur la volonté d’en découdre.

Quand on y réfléchit, on s’aperçoit même que nous semblons gagner à nous morfondre et à nous apitoyer sur notre sort.

Cela nous permet de stimuler l’empathie et l’attention d’autres membres de notre milieu.

La tristesse et l’isolement ainsi mis en exergue nous permettent d’attirer la complaisance voire la pitié de personnes reconnaissant les difficultés rencontrées, et ce même si ce sentiment s’atténuera forcément avec le temps (une personne se plaignant en permanence et incapable de repérer le moindre signe de sa responsabilité dans l’échec finira par agacer, c’est une certitude).

De plus, la victimisation justifie aussi à elle seule une volonté d’immobilismede refus du risque et de mise en action.

Les résultats subis pouvant être néfastes, l’excuse pour ne plus rien faire est toute trouvée.

En résumé, adopter cette disposition psychologique nous enferme dans une vision très manichéenne de la situation, prônant que la douleur est une preuve de notre bon droit et que nous ne sommes pas responsables de la situation.

Une question semble alors être ignorée… Où cela nous mènera-t-il, si ce n’est droit dans le mur ?

Comment développer un certain degré de confiance en soi si l’on se renferme sur soi après chaque désillusion ?

2. Victimisation et réflexion constructive

Si la victimisation est un réflexe des plus simples à adopter, de par les « bénéfices » immédiats qu’elle confère, elle est bien évidemment néfaste dans le cadre d’un raisonnement en termes de développement personnel.

On ne peut décemment espérer s’améliorer, apprendre de nos erreurs, si l’on refuse d’accepter nos faiblesses et nos limites.

Pour changer les choses, il faut parvenir à prendre conscience qu’une situation désavantageuse peut en réalité représenter un mal pour un bien.

Il suffit d’ailleurs de s’interroger concrètement sur la portée du mal ressenti et des conséquences d’un échec (quel que soit le domaine concerné par ce dernier).

Souffrirons-nous de cette erreur dans plusieurs années ?

S’enfermer sur soi même jouera-t-il en notre faveur, sur le long terme ?

Quid de notre relationnel, de notre planification pour le futur ?

Devons-nous tout laisser tomber pour une simple déconvenue ?

Admettre ses manquements, n’est-ce pas déjà apprendre et se mettre dans les meilleures dispositions pour sortir de la pénombre ?

Une véritable réflexion quant à la portée de la victimisation peut être sous-tendue par une mise en action effective.

Ainsi, il nous reviendra de nous pencher, le plus objectivement possible, surles conditions de l’apparition de la situation problématique.

Où le problème s’est-il matérialisé ?

Quelles ont été vos erreurs décisives (impulsivité, manque de connaissances, impatience, absence de réalisme au moment de la définition de l’objectif à atteindre… ) ?

Notre rôle, c’est d’une part de relativiser notre douleur (en se souvenant qu’il existe sans doute quelqu’un quelque part, dont la situation est bien pire que la nôtre), mais aussi de nous arrêter sur le concret.

Prenez donc une feuille de papier et couchez-y ces quelques questions, pour sortir du cadre de la victimisation :

  • Que puis-je concrètement apprendre du déroulement des événements ?
  • Si je devais axer ma redéfinition personnelle sur la plus importante des lacunes mises à jour, quelle serait-elle ?
  • Puis-je tirer quelque chose de positif du malheur apparent ?
  • Que puis-je faire, là, maintenant, pour me lancer dans un processus de sortie de l’état d’esprit favorisé par la victimisation ?
  • Considérer mes erreurs pour mieux me préparer aux nouveaux challenges à venir, est-ce une mauvaise chose ?

Les réponses que vous apporterez à ces questions représentent les premiers pas vers une amélioration globale, une remise en cause de la victimisation.

N’oubliez pas que nous ne sommes qu’humains, et que nous faisons tous des erreurs, c’est dans notre nature.

Le tout est de faire preuve de tolérance personnelle et de se servir de ces dernières comme tremplins au lieu d’y voir une prison nous empêchant d’évoluer comme nous le souhaiterions.

Pour renier la victimisation, nous devons donc apprendre à nous pardonner, à arrêter de nous considérer comme des machines.

La psychologie de l’individu reste fragile.

En prenant conscience des barrières qui nous éloignent encore de l’expression de l’étendue de notre potentiel, nous parviendrons petit à petit à nous en départir et à enfin vivre libérés des pressions qui pèsent sur nos épaules.

Il ne nous reste plus qu’à faire face à nos responsabilités et à nous autoriser le droit de nous accepter comme nous sommes vraiment !

Qu’en est-il pour vous ? La victimisation est-elle une disposition que vous adoptez souvent ? N’hésitez pas à venir partager votre point de vue !

Pervers narcissiques : enquête sur ces manipulateurs de l'amour (Anne grignon pour le nouvel observateur)

Le phénomène se répand au point que certains psys le qualifient de "mal du siècle"

 

Les manipulateurs de l'amour (Illustration Catherine Meurisse pour "le Nouvel Observateur")

Melody. Belle comme Audrey Hepburn. Gaie, attentive aux autres. Elle s'est pendue à 28 ans. On l'a trouvée dans la cuisine de l'appartement où elle vivait avec un homme rencontré un an plus tôt. La conséquence d'une dépression, pour les parents. Les amis savent autre chose, un scénario à peine imaginable. C'est lui qui l'a poussée au suicide. Elle allait le quitter pour un autre, alors il lui répétait qu'elle était "un monstre" et qu'il allait se suicider à cause d'elle. Un huis clos insensé, de plus en plus accusateur, et Melody s'est pendue. Elle vivait avec un manipulateur pervers. Probablement ignorait-elle tout de cette déviance. Une innocence fatale.

Toute relation toxique, bien sûr, ne conduit pas au suicide, mais le risque est là. Une prise de conscience collective affleure. On met enfin un nom sur la violence perverse dans les rapports humains. "Perversion narcissique" : l'expression est entrée dans la conversation courante. Des livres sont en kiosque dans les gares, comme celui du psychanalyste Jean-Charles Bouchoux ("les Pervers narcissiques", Eyrolles), deux fois réédité sous l'effet d'une demande croissante. Sur internet, le site SOS Pervers, ouvert en novembre dernier, reçoit plus de 1.500 visites par jour. Le savoir s'échange dans les forums de discussion.

 
 
 

Vampires affectifs

Taper "perversion narcissique" sur Google, c'est pénétrer un monde parallèle et funèbre. Des contributeurs sortis des griffes de leur tourmenteur viennent à la rescousse de novices déboussolés. Les initiés parlent de "PN". L'un des sites les plus visités s'appelle Pervertus - il est sous-titré "blog d'intérêt public" - et commence ainsi : "Ils représentent 3% de la population [bien plus selon les spécialistes, ndlr] et détruisent 90% de leur entourage. Eux, ce sont les manipulateurs pervers ou vampires affectifs. Allez-y : levez les yeux au ciel, grimacez, soupirez. Parler des manipulateurs, c'est comme parler des petits hommes verts... On vous rit au nez[...]. Et pourtant ils sont bien réels."

Le mal n'est pas nouveau mais en recrudescence express, selon Dominique Barbier, criminologue et expert psychiatre avignonnais, ami de Boris Cyrulnik, qui écrit un livre (à paraître cette année chez Odile Jacob) pour expliquer en quoi notre époque est une véritable "fabrique de pervers". Le consumérisme frénétique et l'affaiblissement de la fonction paternelle entraînent une intolérance à la frustration de plus en plus répandue. Cette immaturité serait le terreau fertile de la prédation morale et d'un rapport à l'autre de plus en plus utilitaire. "C'est le mal du siècle. Ce que j'observe est effrayant, dit le criminologue. N'importe qui peut tomber sous la coupe d'unpervers."

Relations toxiques

La perversion narcissique consiste à employer des moyens retors - en l'occurrence vampiriser et anémier son partenaire - pour combler une faille infiniment béante et un vide intérieur. Ce "vide vertigineux dans lequel tout affect semble avoir été éteint depuis l'enfance" dont parle Geneviève Reichert-Pagnard, psychiatre et victimologue, auteur en 2011 d'un ouvrage très fin sur "les Relations toxiques" (Ideo). Autant de femmes que d'hommes sont confrontés à la prédation morale au sein du couple. Ceux et celles, innombrables, qui ont ainsi subi une insidieuse altération de leur intégrité psychique racontent tous une semblable histoire.

Des débuts grandioses. Le manipulateur sent ce que l'autre attend. Il est caméléon le temps de ferrer sa proie. Dans ce piège amoureux, tout le monde tombe, car le temps de la séduction (phase 1) peut durer... des années. Le pervers sommeille avant exécution de ses noirs désirs : l'emprise (phase 2) et l'assujettissement (phase 3). Il va soumettre peu à peu son partenaire pour en prendre le contrôle. La bascule perverse advient à la faveur d'un événement qui scelle la dépendance, souvent l'arrivée d'un premier enfant. L'être exquis des débuts dévoile une dureté de ton qu'on ne lui soupçonnait pas et se révèle dans toute sa "dangereuse étrangeté", selon l'expression du délicat Paul-Claude Racamier, psychanalyse, inventeur de la notion de perversion narcissique, qui en 1987 posa les bases de cette difformité morale (1).

Serial killer psychologique

Dans le secret de la vie de couple, le manipulateur ou la manipulatrice se comporte en serial killer psychologique. Il ne veut pas que l'autre ait confiance en soi, il fait vaciller cette flamme. C'est un extincteur de vie. La joie de l'autre s'éteint peu à peu. "C'est une folie très répandue, mais personne ne la voit", dit François, qui a passé dix ans avec une prédatrice, rencontrée à l'issue de brillantes études d'ingénieur. Lui a dû déjouer bien des ruses au cours d'un divorce pénible. Car, malgré la loi de 2010 faisant du harcèlement psychologique dans le couple un délit, nombreux sont les magistrats et avocats qui ne savent pas reconnaître un manipulateur. Ils se font avoir, eux aussi, par la remarquable duplicité de ces comédiens-nés, leur angélisme apparent.

Impassible, jamais affecté par rien, même s'il prétend le contraire (seule la blessure d'orgueil le fait souffrir), le pervers narcissique fera passer pour déséquilibrée sa victime poussée à bout. Même les psys peuvent être bernés, car "le pervers offre à l'observateur l'air de la parfaite innocence", observe Marie-France Hirigoyen, qui en 1998 a popularisé la notion de harcèlement moral (2).

La révélation peut survenir après dix ou vingt ans de vie commune. Le visage véritable d'un mari ou d'une femme apparaît brutalement. C'est le syndrome Dorian Gray. Une fois la prise de conscience advenue, le partenaire, qui ressent depuis longtemps un malaise diffus, relit l'histoire commune à la lumière de ce nouveau savoir, mais le départ est retardé par la nature complexe du lien, la relation d'emprise, qui est une véritable prise de pouvoir sur l'esprit de l'autre. Etre équilibré ne garantit qu'une chose : la rémission rapide, une fois le cauchemar terminé.

"Le détraqueur porte un masque"

Pour les plus fragiles, quelques années seront nécessaires pour dépasser un véritable choc post-traumatique (une victime dit être "marquée au fer rouge"), d'autant que la séparation ne met pas fin au harcèlement quand le couple a des enfants. Continuer de se défouler sur l'ex-partenaire permet à l'agresseur d'offrir, du moins momentanément, un doux visage à sa nouvelle proie. On observe de la part du pervers divorcé un abus de procédures judiciaires.

Ce "détraqueur" porte un masque. Il est sociable, adorable, fréquentable, admirable, car la crispation morbide envers une proie unique, une seule, suffit à écluser sa compulsion destructrice. Ce double visage lui permet d'entraîner quelques proches qui, de bonne foi, vont croire en sa version des faits lorsqu'il inversera les rôles pour expliquer que c'est lui la victime. "L'ignorance, c'est 50% du problème",explique Isabelle Nazare-Aga, thérapeute cognitivo-comportementaliste, son énergique crinière blonde ondulant au rythme du feutre sur le tableau blanc.

Un séminaire démarre, ce samedi de novembre à l'aube, dans son appartement du 16e arrondissement parisien. Il y a là une dizaine de femmes et deux hommes. Une grande Danoise très amaigrie prend la parole. Son beau visage exprime la lassitude et le tourment. Elle n'arrive pas à quitter son mari qui, dans leur banlieue chic, se livre sur elle à un véritable tabassage moral. L'homme l'a coupée de tout, de ses amis, de sa famille. Elle est intelligente, sensible, perdue. On sent qu'elle pourrait tomber gravement malade.

Comment se défaire de l'emprise 

Durant ces deux jours intenses, nul retour sur des traumas passés pour expliquer la tolérance à l'insupportable, mais un échange salvateur entre hommes et femmes à qui Isabelle Nazare-Aga expose précisément la nature de l'emprise perverse et la façon de s'en défaire. La jolie et lumineuse Vanessa, documentaliste, demeurée célibataire et sans enfants car elle n'a plus jamais pu "faire confiance à nouveau", raconte : "A la maison, c'était humiliation sur humiliation. Il me disait : "Mets des chaussettes, tes pieds me dégoûtent", m'appelait "ma gorette" en pinçant le peu de graisse que j'avais. Je coulais petit à petit. Physiquement, je disparaissais. Je ne pesais plus que 40 kilos, mais comment prouver cela ? Pas de témoin. Aux yeux de tous, c'était moi la désaxée." Scénario type.

Affaibli par l'intense travail de culpabilisation mené par le manipulateur, incapable d'imaginer une malveillance qui lui est étrangère, le partenaire incrédule se dit avec indulgence que son mari ou sa femme, "c'est Dr Jekyll et Mr Hyde", frôlant de près une vérité qui lui échappe encore. Aussi brillant soit-il, l'assujetti a du mal à y voir clair. Une "main basse sur l'esprit", pour le psychanalyste Saverio Tomasella. Racamier parlait même d'un " véritable détournement d'intelligence ".

Le pervers reproche à l'autre la zizanie que lui-même s'évertue à semer. Agnès, radieuse serveuse de bar au fond du Finistère, revenue pour sa part sans difficulté à la vie à l'issue de "ce combat perdu d'avance", raconte : "On marchait dans la rue bras dessus, bras dessous ; tout allait bien. Trop bien pour lui, car, d'un seul coup, c'est comme s'il lui fallait impérieusement détruire et salir. Il me balançait une saloperie pour créer du confit et me le reprocher après." Il lui aura fallu quatre ans pour comprendre.

Alternance de maltraitance et de tendresse

Pas si facile d'y voir clair en effet. Qui a la culture psychiatrique pour faire la différence entre le pervers "tout le temps dans le calcul, tel un joueur d'échecs préparant son attaque cinq coups à l'avance" (selon Dominique Barbier) et la femme ou le mari difficile à vivre, instable, pas très à l'écoute et on en passe, mais doté d'affection réelle et - surtout - d'une capacité de remise en question de soi ? Seuls les gens avertis.

Pour ceux-là, le pervers narcissique, construit sur un stéréotype somme toute sommaire, devient plus facile à repérer. Il manie le chaud et le froid dans une subtile alternance de maltraitance et de tendresse. Quand l'autre est à bout, il regagne sa confiance. Son manque d'empathie est central. Il observe la souffrance avec indifférence. Sa gamme de sentiments est pauvre, c'est comme s'il ne disposait que d'une octave sur son piano émotionnel.

Il faut un véritable savoir pour repérer cette froideur de cœur, car feindre d'avoir une sensibilité qu'il sait inexistante fait partie de son art. Il vampirise l'autre jusqu'à l'épuiser - l'expression "se faire bouffer" prend tout son sens. Il est intensément jaloux d'une vie intérieure qu'il n'a pas. C'est un insatisfait chronique qui ne supporte pas le bien-être de l'autre. Il ne tient aucunement compte des besoins de son partenaire. Très vite, la relation s'articule autour de ses seuls désirs, situation ainsi résumée par Agnès : "Il occupait 90% de l'espace entre nous."

Ni remords ni culpabilité

Ni remords ni culpabilité. Il n'a jamais tort, ne demande pas pardon, sauf par stratégie. A travers chaque reproche infondé, calomnieux, adressé à sa victime, l'agresseur fait son autoportrait. Cela fera office d'aveu de ce qu'il est lui-même. Un aveu bien involontaire, car son système de relation repose sur le déni, qui est l'occultation d'une partie de la réalité. C'est d'ailleurs pourquoi son partenaire ressort de discussion (tentative de discussion, devrait- on dire) "avec le cerveau complètement embrouillé" - l'expression revient souvent dans les témoignages. "A devenir dingue, dit Paul, ancien journaliste du "Monde". Avec une personne normale, quand il y a un désaccord, chacun donne ses arguments, il y a un échange. Là, tu n'as prise sur rien. Ca rend fou."

Autre caractéristique majeure : sa façon de dénigrer, insidieusement. Avec des plaisanteries. Du sarcasme. Il rabaisse l'autre par petites touches. Ca n'a l'air de rien mais dans son flot de paroles passe un poison lent. "Je me sentais pire qu'une merde" ou "une sous-merde" : les témoignages sont récurrents là aussi. "Rien n'est plus 'blessable' qu'un narcissisme non pathologique attaqué par un narcissisme pervers", écrivait Paul-Claude Racamier, qui proposa cette définition : "Le mouvement pervers narcissique est une façon organisée de se défendre de toutes douleurs et contradictions internes et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d'autrui et non seulement sans peine mais avec jouissance."

Expulser en l'autre son propre chaos mental

Expulser en l'autre son propre chaos mental : cette acrobatie psychiatrique est "la" raison d'être de la perversion narcissique. Le pervers manœuvre inconsciemment pour transférer chez l'autre la psychose ou la dépression qu'il cherche à éviter.

On le reconnaîtra enfin à ce que, essentiellement préoccupé de lui-même, il est constamment dans la construction de son image. Cette obsession de paraître le mène souvent haut, dans les métiers de pouvoir et de représentation, où son bel habit social, sa brillance bien souvent, le hisse au-dessus de tout soupçon. "C'est parmi ces manipulateurs destructeurs qu'on trouve les plus grands imposteurs, mystificateurs et escrocs", dit le docteur Geneviève Reichert-Pagnard. Savoir reconnaître un pervers narcissique, c'est repérer ceux qui passent au fil de l'actualité politique, intellectuelle, artistique.

Pas de thérapie possible

Espérer un amendement, voire une guérison est généralement illusoire. "Ca n'est pas une maladie, ça ne se soigne pas. Il n'y a pas de médicament, pas de thérapie possible, dit Dominique Barbier, l'expert avignonnais. Ces gens ne sont pas demandeurs et ne consultent pas, sauf par calcul, pour donner de faux signes de bonne volonté. La problématique relève de la justice et de la police, en aucun cas de la médecine. Ce sont des salopards qui ne changeront jamais." Il n'est pas le seul thérapeute à en perdre la réserve d'usage.

Nulle mention de ce profil dans le DSM-IV, manuel de classification internationale des troubles mentaux. La notion se cherche. Pour certains, il ne faut pas craindre de parler de véritable déviance morale et de poser la question du mal, comme le fit Scott Peck, psychiatre américain. Pour d'autres, c'est une psychose sans symptômes apparents, avec une dimension paranoïaque, ou "psychose blanche", une maladie incurable. On pourrait classer le manipulateur sur une échelle de 1 à 10 selon la toxicité.

Du tyran domestique au sadique

Niveau 3, le tyran domestique, réfugié dans le déni, qui, pour ne pas sombrer, blesse l'autre involontairement ; niveau 8, le sadique qui se défoule en jouissant de la douleur morale qu'il inflige sciemment. Quoi qu'il en soit, même un "petit" PN fait de considérables dégâts. On ne gagne jamais face à lui. On ne peut que s'en aller.

Et c'est ainsi que la perversion narcissique laisse un nombre grandissant d'hommes et de femmes dans un état de sidération, une fois achevée cette leçon de ténèbres. Après inventaire du désastre, on comprend qu'à l'occasion d'une discussion sur internet où des femmes s'interrogeaient sur la rémission possible de "leur" PN, un thérapeute ait déposé cet avertissement :"Je suis psychiatre. Mais jamais je ne croiserai le fer avec un pervers narcissique."

(1) " Le Génie des origines. psychanalyse et psychoses ", Payot, 1992.

(2) " Le harcèlement moral", La Découverte / Syros, 1998.

(Article publié dans "le Nouvel Observateur" du 19 janvier 2012)

 

 

À quoi nous servent nos regrets ? Anne laure Gannac

Pesants et vains, ils peuvent aussi être une source d’enrichissement, voire un moteur pour agir mieux, en accord avec nos besoins

Qu'est-ce que le regret ?

 

Pourquoi est-ce que je ne lui ai pas dit que je l’aimais ? », « Je regrette tellement de ne pas avoir fait d’études »… Le regret parle d’un manque, d’une absence. C’est cet acte, ce choix que nous n’avons pas fait et dont nous estimons, trop tard, qu’il aurait pu nous apporter une satisfaction. Il se distingue ainsi du remords, qui vient avec la conscience d’avoir mal agi, même si, dans le langage courant, nous parlons toujours, dans ce cas, de regret : « Je regrette de t’avoir dit cela. »

Les bénéfices du regret

Puisque le regret appartient au passé, à quoi bon s’infliger cette souffrance psychique ? Parce que, pour peu que nous apprenions à le regarder autrement, il peut devenir bénéfique, explique la psychologue et psychothérapeute Isabelle Filliozat : « Regarder dans le rétroviseur, c’est prendre conscience de l’autre option qu’il était possible de choisir, donc réfléchir sur notre décision passée… » Et se connaître un peu mieux. D’autant que, « au fond, c’est toujours la même chose que nous regrettons : de ne pas nous être écouté, de ne pas être allé dans le sens de nos besoins ». Le regret est constructif, affirme la psychothérapeute, « dès lors que nous prenons le temps de réfléchir à ce qu’il nous dit de nous : pourquoi est-ce que je ressens cela ? Pourquoi est-ce que, ce jour-là, je ne me suis pas davantage écouté ? »

L’objectif : en tirer une leçon pour le futur. Ou en profiter pour réparer. Par exemple : je m’en veux de ne pas avoir montré plus de motivation à cet entretien d’embauche ? Au prochain rendez-vous, je dirai clairement à quel point je désire ce poste. Je regrette de ne pas avoir aidé tel ami ? Il est toujours temps de lui en parler et de m’excuser. C’est le repentir, autre déclinaison et issue positive à ce sentiment, qui permet une réconciliation avec son passé.

Parce qu’il nous renseigne sur ce qui nous rendrait plus heureux, le regret est à écouter avec attention, comme un signal d’alerte. « Attention cependant à ne pas s’enfermer dans la culpabilité », prévient Isabelle Filliozat. C’est elle qui rend le regret douloureux (« Si j’avais répondu à son appel, peut-être serions-nous toujours amis »)… « S’il est bon de regarder derrière pour reprendre contact avec soi, il est essentiel de vite revenir au présent et de regarder devant. » Avec, pour horizon, la sortie définitive du regret et l’adhésion totale à nos décisions d’aujourd’hui. « C’est un homme sage celui qui ne regrette pas ce qu’il n’a pas mais se réjouit de ce qu’il possède », écrit Épictète. Savoir se dire : « Le choix que j’ai fait est le bon puisqu’il est celui que je fais », c’est le début, sinon du bonheur, en tout cas d’une certaine sagesse.

 

Regret et remords

On confond souvent regrets et remords. Voici un exemple pour mieux comprendre la nuance :
Il dit : « Je vais te quitter. »
Elle répond : par un silence (regret) ou « Pars, je m’en fiche. » (remords)

Il la quitte et elle se dit :
« J’aurais dû lui demander de rester. » (c'est un regret)
« Je n’aurais jamais dû lui répondre ça. » (c'est un remords)

Elle se sent coupable… de ne pas avoir agi en ne répondant que par le silence (c'est un regret) d'avoir agi (c'est un remords)

Souffrances invisibles..rendre l'invisible visible

 

Face aux PN, ce que dit la loi

Voilà bientôt trois ans que la loi "relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants" a été adoptée. Ce texte a créé le délit de harcèlement moral au sein du couple, mais l'immense majorité des pervers narcissiques qui exercent des violences morales contre leur conjoint continuent à échapper à la justice.

(En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societe/vers-une-nouvelle-definition-du-harcelement-au-sein-du-couple_1261946.html#Djxdsl1Y2TC2yzRJ.99)

 

CC Flickr Léa Bouillet

Jusque-là strictement limitée à la sphère professionnelle, la notion de harcèlement moral s'entend aussi, depuis 2010, au sein des relations de couple, envers les hommes autant qu'envers les femmes. La loi du 9 juillet 2010, relative aux violences faites aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants, condamne par l'article 222-33-2-1 « le fait de harceler son conjoint, son partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou son concubin par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale ». 

Ici aussi, comme dans le cadre du harcèlement moral au travail, il est nécessaire de pouvoir prouver les faits et leurs conséquences, via des attestations de proches, des certificats de spécialistes, des témoignages concordants... 

L'élargissement de la loi au harcèlement moral conjugal vient renforcer la sécurité psychologique dans le couple puisqu'auparavant, seules les violences physiques étaient punissables. 

Par ailleurs, ces dispositions concernent aussi les anciens conjoints ou anciens concubins de la victime, ainsi que d'anciens partenaires liés à cette dernière par un pacte civil de solidarité. 

Ce délit est désormais passible de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende, ou cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende, en fonction de la gravité des dommages subis. 


Source : http://www.justice.gouv.fr/justice-penale-11330/le-delit-de-harcelement-moral-23635.html

 

Qu'est-ce que la violence psychologique ? 
Abus de pouvoir et de contrôle qui s’expriment le plus généralement dans les comportements suivants, reconnus comme forme de violences psychologiques : 
-          Rejet de la personne : ignorer sa présence ou sa valeur, lui faire comprendre qu’elle est inutile et inférieure, dévaloriser ses idées et ses sentiments 
-          Isolement : réduire les contacts, restreindre sa liberté de mouvement 
-          Dévalorisation : insulter, ridiculiser, parodier, infantiliser, se comporter d’une manière qui porte atteinte à son identité, à sa dignité ou à sa confiance en soi 
-          Terroriser la personne : lui inspirer un sentiment de terreur ou de peur extrême, la contraindre par l’intimidation, la placer en milieu inapproprié ou dangereux ou bien menacer de l’y placer 
-          Menaces d’abandon, de violences graves, de mort… 
  
Qu'est-ce que le harcèlement moral ? 
Le harcèlement moral se définit comme toute conduite abusive (geste, parole, comportement, attitude…) qui porte atteinte, par sa répétition ou sa systématisation, à la dignité ou à l’intégrité psychique ou physique d’une personne. 
Subir ces violences peut avoir de graves conséquences sur les victimes (enfants, adultes, personnes âgées) elles ont alors besoin 
·         D’être entendues 
·         D’être accompagnées 
·         D’agir 
  
Dans le milieu familial : 
On peut détruire quelqu’un juste avec des mots, des regards, des sous-entendus : cela se nomme violence perverse ou harcèlement moral.  Marie-France HIRIGOYEN, psychiatre, psychanalyste et psychothérapeute familial, «Le harcèlement moral », ed. Syros 
La loi du 9 juillet 2010 est venu créer, à l'instar du délit de harcèlement moral en entreprise, un délit de harcèlement moral au sein du couple défini dans le nouvel article 222_33_2_1 du code pénal. 
Au plan civil, la loi du 9 juillet 2010 instaure un dispositif tout à fait novateur : "l'ordonnance de protection" qui peut être délivrée par le juge aux affaires familiales lorsque le Juge estime qu'il existe des raisons sérieuses de considérer comme vraisemblables la commission de faits de "violences exercées au sein du couple ou au sein de la famille, par conjoint ou un ancien conjoint, un partenaire ou un ancien partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou un concubin ou un ancien concubin mettant en danger la personne qui en est victime, un ou plusieurs enfants".